Il aimait passionnément deux choses : la cuisine, non loin d’une cocotte en fonte aux odeurs de minestrone pour le dîner de nos amis, et le dessin fulgurant qui venait
de lui échapper des mains, avec une forme de… une forme de quoi ? Lui seul en avait le secret. Il a toujours cultivé les secrets.
Ce qu’il vînt chercher en arrivant de Buenos Aires en 1955, le faisait rêver et voyager depuis son enfance : la peinture et la littérature. Observer, dérober des visages de toutes sortes, comme ceux que son ami Julio Cortazar aurait appelés « Cronopes ».
Il n’avait pas oublié de mettre dans les malles de sa mémoire toutes les couleurs du Monde, dont ses personnages allaient se disputer les nuances. Trébuchant un jour à Carrare sur un morceau de marbre, il s’était dit que peut-être il pourrait en faire une chose … Il n’en fit pas une, mais cent … dont celle qui attend avec patience de retrouver l’espace qui lui avait été attribué à l’origine du Forum des Halles.
L’esprit vif, l’œil de lynx, le cœur sur la main, l’histoire des rois africains et des chefs de tribus, et toutes les expositions d’art primitif qu’il ne fallait jamais manquer et parfois y retourner parce qu’un détail nous avait échappé sur un cavalier Dogon du Mali !
C’était Julio Silva !
Catherine Lecuillier Silva